Studio N.10 op.25. Omaggio a Chopin 2021.
Performers: Gustavo Frigerio Mariateresa Sartori
piano: Vittorio Maggioli
2021
”…you are the music
While the music lasts”
T.S. Eliot
Questa nuova versione vede al piano il giovane talento Vittorio Maggioli e, come performers, l’attore Gustavo Frigerio e me. Ho sentito il bisogno di prendere parte attiva, ferma restando la mirabile performance della versione del 2011 con Paola Pasqual e Fausto Sartori. Concettualmente nulla è cambiato rispetto la versione precedente, per questo allego testi, commenti e recensioni a partire dal 2011.
È sempre stata molto forte per me sin da ragazzina, la sensazione che certi brani di Chopin fossero dialoghi tra persone, fossero non imitassero o sembrassero. Quest’opera ne è la rappresentazione visiva. La relazione tra musica e linguaggio esalta il valore emozionale della comunicazione, universalmente condiviso, mentre ne occulta il contenuto specifico. La circolarità del brano musicale, che finisce esattamente come inizia, suggerisce una comunicazione tra persone che a nulla approda all’interno di un carosello senza fine. Con Roman Opałka ci fu uno scambio importante su un punto nodale del video: egli colse ciò che poteva essere fuorviante rispetto al concetto che mi premeva e fu lui a suggerire la soluzione che scioglieva ogni fraintendimento. A Roman Opałka, che non fece in tempo a vederlo con la soluzione da lui suggerita, il video è dedicato.
Samuel Bordreuil, Mariateresa Sartori: Une main, entre retines et tympans
Kathy Battista, Drawn together: Katie Holten and Mariateresa Sartori
Eleonora Minna, Mariateresa Sartori
You are the music while the music lasts, Galleria Michela Rizzo, Venezia
da: MARIATERESA SARTORI : UNE MAIN, ENTRE RETINES ET TYMPANS.
di Samuel Bordreuil, sociologo, già direttore scientifico dell’IMéRA, Institut d’études avancées d’Aix-Marseille
« Entre rétines et tympans : ouvrez les vannes, toutes les vannes ! »
Du divorce entre langage et musique et, en sous main, parce qu’il y va d’un clivage entre sonore et visuel, c’est peu dire que Mariateresa Sartori n’en n’ait jamais fait le deuil ! Deux de ces travaux précédents en sont en tout cas hantés : celui sur le « son de la langue », qui ravive les musiques propres à chaque langue ; celui sur « toutes les pauses du monde », qui exhausse la musicalité propre à chaque interlocution, en l’occurrence, les scansions, sonores, gestuelles d’un exercice familier, celui du « penser ensemble ».
Cette nostalgie de la musique dans la langue on aurait tort de ne pas la prendre au sérieux ! C’est qu’elle fait revenir des états de conscience qui, bien qu’éloignés de nos sens, n’en sont pas moins là, encore, et « tout proches ». Cela peut se dire au plan « ontogénétique », au sens où la mémoire de la musique de la langue est ce par quoi, comme « petits d’homme », nous sommes tous entrés dans sa maîtrise (au prix, certes, de son oubli !)[7] Mais aussi au plan « phylogénétique » au sens où, à suivre Tim Ingold[8], il a en effet fallu attendre le milieu du moyen âge (post 11ème siècle) pour que le sens de la notation musicale s’émancipe de la prosodie, la musique de la langue[9], en neutralisant la musicalité et libérant par contre coup la musique comme réceptacle de toutes les sonorités instrumentales, les voix étant priées de suivre, et leur heure venue … Sait-on, à ce propos et par exemple, que les premiers marqueurs d’inflexions musicales (utilisés dans les partitions) dont se servaient les pratiquants du « chant grégorien » étaient tout droit importés des marqueurs destinés à guider des proférations déclamatoires ; rien d’autre que des outils de l’art rhétorique ! …
En tout cas, l’accent des trois dernières pièces exposées de MTS s’en déduit : exhiber, raviver le sens que les alliages du sonore et du visuel régissent notre rapport au monde. Et pour ce faire, travailler avec minutie et ténacité sur deux lignes de flux, visuels et sonores – en fait, les « composer » dans un même espace réceptif. Dans ces trois pièces on verra que ce travail de composition « audio-visuelle », consiste surtout à plier le visuel sur le sonore ; mais on relèvera que les flux visuels qui entrent dans ces pièces sont parfois pré donnés, comme dans « Sol Majeur », le travail de l’artiste étant alors un travail de retouche et de montage ; mais parfois ne le sont pas, laissant à l’artiste un espace de liberté considérable quant à la création de ces lignes visuelles.
(…….)
Que « Omaggio » reprenne ce même thème, on le relèvera simplement à partir du fait que l’illusion – magistrale – dans laquelle il nous aspire, eh bien elle n’est ni simplement sonore ou visuelle : elle exige au contraire pour sa prospérité l’exercice conjoint de ces deux sens !
On pourrait prendre cette pièce au plus humble, voire au plus ingrat. Ne la considérer comme rien d’autre qu’un problème de « doublage », comme au cinéma. Le problème du doubleur, celui qui est chargé de véhiculer un même sens expressif d’une langue 1 à une langue 2, est celui de conserver le sens, certes, mais en trouvant un équivalent linguistique, dans la langue 2, qui conserve l’identité rythmique de la profération du message … ce qui l’amènera très souvent à « gauchir » l’expression et à sacrifier une énonciation, certes vernaculaire – mais « out of synch » – au profit d’une autre, plus raccord du point de vue du débit verbal, mais un peu lâche du point de vue du sens[10].
A situer la pièce sur cet arrière plan, on voit bien ce qu’elle a en commun avec cet exercice – cette attention implacable aux mouvements des lèvres – mais aussi en quoi elle l’excède, résolument. Pour commencer, la langue 1 n’existe pas : sauf à soutenir qu’un « langage piano forte » existerait. Abondance, avalanche, de croches, demi croches et triple croches, certes, mais qui ne viennent coder là aucun sens. D’où la latitude sémantique offerte dans les proférations verbales « raccords » avec la ligne musicale ! Mais cette latitude est le revers d’une médaille : délié de tout impératif de sens, imaginez un peu le « n’importe quoi » (sémantique) qui sort de ces bouches et la contrainte, qui pèse sur les acteurs, de les proférer quand même et malgré tout et avec toute la conviction requise. Ce qu’ils se disent, en rafales nerveuses, on ne le saura jamais et, nous dit MTS, même à sa mère elle ne le dira pas ! Ne pas insister, donc ! Plutôt se complaire dans la félicité d’une illusion, et d’autant que l’on voit/entend bien qu’elle est parfaitement réussie !
L’effet résultant ? On propose de le dire d’un mot: saisissant ! Et pour la double capture, le double rapt, qui s’y opère entre lignes visuelles et lignes musicales. Qui, quoi « happe » quoi ? Voilà peut-être son oscillation, son vertige central. Sont-ce les notes piano qui subtilisent des voix, à peine sorties et qui « n’en peuvent mais » ? Ou bien, ne serait-ce pas plutôt ces voix qui gonflent de leurs souffles, de leurs nuées d’orage, les voiles de l’allant pianistique, faisant remonter le fait que, autre chose que d’expressions d’humeurs, ni il ne l’a été, ni il ne le sera, cet « allant » …
La chose est encore plus fascinante du fait que la ligne visuelle, dans sa pureté formelle (profils, symétrie entre ceux ci), exhausse la nature parfaitement instrumentale (elle aussi) de ce qu’il en est de la phonation humaine. Ce n’est pas que, d’un coté (voix) on aurait du souffle, de l’intériorité, et de l’autre (piano) une mécanique, certes bien tempérée. Par exemple, l’ivoire ; Si, l’ivoire ! Est-ce qu’il ne faut pas le mettre des deux cotés ? Cet ivoire sur lequel on appuie, avec les doigts (et coté piano) mais contre lequel aussi (et coté dents) vient buter une langue. Ainsi, attrapez au vol, dans la vidéo, ces moments magiques où cette langue vient buter sur la barrière dentaire ; ces sons que la phonétique nomme des « labio-dentaux ». Vous savez, quand, pour un « t » et un « d », la pointe de la langue vient à toucher les dents : « ting » ; « ding » … Attrapez les au vol !
Si bien que les choses se compliquent parce qu’il s’avère qu’il y a autant de mécanique coté voix qu’il n’y a d’âme, coté piano. Et la « mécanique », n’est-ce pas, on ne la voit jamais si bien que quand elle s’emballe ! Ces dents-claviers, mais regardez les donc sur la fin de la pièce! Quand les voix n’en viennent plus qu’à cracher des rafales, au point que, au comble de la dispute, le sens est alors ce que l’on se surprend à en couper, abasourdis de notes désormais libres, rendues à leurs flux. Oui, dans la vie, la vraie, il arrive souvent que nos tympans en viennent ainsi à crever le mur du sens … Une autre forme, donc, mais ici extrême, de résorption du langage en pure musicalité ; un des motifs majeurs, on l’a dit, des travaux de MTS, mais, cette fois ci non du coté d’une nostalgie de petit d’homme, mais de celui d’une sauvegarde, et quand les temps sont durs … et que l’orage gronde … De disputes extrêmes ne dit-on pas souvent que l’on en sort … sonné ?
Retenons ici, et avant de passer à la dernière pièce, que l’entrelacs visuel sonore, se noue ici à l’acmé de poussées de vie … Que ces lignes sonores aussi bien que visuelles, qu’elles codent ou non du sens, suivent la vie au plus près de ses flux et reflux : des fluctuations de ses débits !
Samuel Bordreuil
[7] De récents travaux en sciences du développement, montrent par exemple l’importance des berceuses dans l’apprentissage par les nourrissons de la segmentation linguistique.
[8] Tim Ingold, Lines, voir notamment le chapitre 1
[9] Et renvoie cette dernière à la charge de la notation d’images (oui d’images !) mentales – les fameux « signifiés » de la linguistique saussurienne.
[10] D’où, sans doute, cet effet d’insolite des versions doublées : ces expressions que l’on y reçoit dont on sent bien qu’elles ne viennent pas de notre « humus linguistique ».
From the text:
Drawn Together: Katie Holten and Mariateresa Sartori
Kathy Battista, writer, curator, Director of Contemporary Art at Sotheby’s Institute of Art, New York
(…..) Sartori uses a different, but related means of mapping human interaction in a work that was originally projected on the large windows of the Greenhouse of the Venice Biennale Giardini in 2011, visible to all passersby. In her video Etude Op. 25 No. 10 in B Minor Homage to Chopin the partially obscured faces of a man and a woman are seen diametrically opposed in the frame. Their lips seem to mouth the notes to the dramatic notes on the piano. In one shot the male protagonist is positioned on the right side of the shot mouthing the forceful phrases while
the woman is on the left and corresponds to the more gentle, softer phrases of the music. This male aggressive/female passive scenario swaps after four minutes, with the female becoming the more forceful opponent in this abstract tête-à-tête. What looks like a dialogue then resembles escalation into an argument and back again. Sartori worked with the performers, who each used one sentence that is said repeatedly to appear as if mouthing the notes of the piece. The artist will never divulge what the sentence was; indeed, it is not important. What is paramount is how the piece speaks to the abstraction of language and the human interplay of communication. The figure on the right corresponds to the dominant side of the argument; when the woman takes that place the high notes seem to bang out on
the piano like bullets from a weapon. This is less about a gender struggle and more about the basic human struggle to communicate, negotiate and maintain harmony. In this video, as in The Drawers, small actions—here located only in the protagonists’ mouths—signify huge psychological leaps. Sartori is drawing with her performers, albeit creating invisible and ever shifting lines.
recensione di Eleonora Minna su Exibart
Fino al 30.XI.2013
Mariateresa Sartori You are the music while the music lasts, Galleria Michela Rizzo, Venezia Osservare lo sguardo e ragionare sul suono. A Venezia una mostra in cui video, disegni ed installazioni si alternano ritmicamente nello spazio, ricomponendo la ricerca recente dell’artista
|
pubblicato sabato 16 novembre 2013 Ogni volta che si parla di decostruzione di un linguaggio si finisce per chiamare in causa la semiotica e l’esattezza di ogni sistema modernamente inteso. Mariateresa Sartori (Venezia, 1961), sa che l’analisi di ogni segno rischia di cadere nel vuoto della forma, ma si ferma quell’attimo prima, tale da non farle perdere una sana freschezza.
Sana freschezza che si ritrova, ad esempio, nelle riflessioni sul linguaggio musicale degli ultimi anni presentate alla Galleria Michela Rizzo.
Ogni parlante ha una propria musicalità, un timbro sonoro; ne Il concerto del mondo diversi strumenti musicali mimano toni e ritmi delle conversazioni di undici coppie, legandoli in un contrappunto musicale che ha la sua ragion d’essere e che segue regole parallele, eppur diverse, da quelle del linguaggio vocale. Al visitatore sono date due possibilità: può muoversi nella decodificazione dei parlanti, cercare di immaginarne contesto e toni, oppure seguire il concerto come semplice poesia, pura forma musicale sdoganata da quei contenuti che in ogni caso rappresentano il pretesto dell’opera. Un approfondimento in questa direzione avviene in Studio n.10 in Si minore op.25. Omaggio a Chopin, dove una coppia “parla” le note musicali, al punto che non interessa più togliere il coperchio sonoro per decifrare il linguaggio, è tutto già lì.
Lo sguardo dei disegnatori, un video e un progetto grafico, non è solo una riflessione sulla didattica: nel primo, a grandezza naturale, un gruppo di allievi è colto al lavoro. Il punto di vista è molto ribassato tale che l’oggetto del disegno resta sconosciuto e l’osservatore può vivere l’esperienza di immedesimarsi nell’oggetto veduto. Entra qui in ballo quella distinzione tra vedere ed esser visti di Merleau Ponty che Raffaele Gavarro chiama in causa nel suo testo. Ora il centro dello sguardo è diventato lo sguardo stesso: Mariateresa Sartori prende quello sguardo e lo trasforma in un motivo, dandogli un nome. Come? Ricalcandone su un monitor un minuto e 15 secondi di sguardo dei disegnatori: la concentrazione diventa movimento e la linea segno perché apre a diversi spunti come il grado di attenzione, il pensiero creativo, il movimento congiunto dello sguardo e del cervello. Ma ogni segno così ottenuto ha un suo nome e cognome, oltre la semiotica.
Eleonora Minna
mostra visitata il 20 ottobre 2013
|